Par Raymond Villeneuve
Directeur général du Regroupement pour la Valorisation de la Paternité (RVP)
Un sondage mené auprès de 2 115 parents québécois et dévoilé lundi dernier à l’occasion de l’ouverture de la 8e Semaine Québécoise de la Paternité nous apprend que le confinement lié à la COVID-19 a été l’occasion, pour de nombreux parents, d’améliorer leur façon de travailler en équipe pour s’occuper de leurs enfants et de prendre la mesure des bienfaits associés à une coparentalité plus égalitaire.
Dans cette aventure, les papas québécois ont largement répondu « présents ». Une part importante de ceux-ci dit avoir maintenant davantage d’empathie pour leur partenaire et percevoir différemment leur rôle de parent ainsi que celui de leur conjointe ou de leur conjoint. Le confinement leur a aussi permis de passer davantage de temps avec leurs enfants, développer une relation de meilleure qualité avec eux et mieux comprendre leurs besoins.
En cette semaine qui culmine avec la Fête des Pères, j’en profite pour dire bravo et merci à tous les papas et toutes les mamans qui, malgré les difficultés, ont su faire preuve de résilience et transformer cette situation pleine de défis en occasion de réfléchir sur leur projet commun et faire évoluer positivement leurs pratiques coparentales.
À ce titre, il est réjouissant de constater à quel point les pères et les mères, contrairement à l’idée qu’on peut en avoir, ont une vision commune de la parentalité. Les parents québécois, pères et mères, sont d’accord sur le fait que leurs enfants sont une source de fierté et de satisfaction. Pour eux, il est très important de faire équipe avec l’autre parent et ils s’entendent sur le fait qu’ils doivent bien communiquer, se respecter et être cohérents dans leur projet parental en tenant compte de leurs forces respectives. Une norme sociale valorisant la coparentalité semble s’être installée au Québec et c’est maintenant l’objectif à atteindre pour la très grande majorité des familles d’ici.
Le sondage met aussi en lumière que des écarts significatifs entre les mères et les pères demeurent quant au partage des tâches, à la charge mentale et aux mesures de conciliation famille-travail. Nous devons prendre acte de cette réalité et travailler tous ensemble pour réduire ces inégalités.
Ces résultats brossent donc un portrait de la situation actuelle et nous indiquent le chemin parcouru, mais également, celui qui reste à faire, pour que les mères et les pères du Québec puissent vivre au quotidien une parentalité véritablement égalitaire.
Dans ce contexte, les parents du Québec ont besoin que l’ensemble de la société se mobilise afin d’offrir aux pères et aux mères les conditions leur permettant de vivre pleinement leur expérience parentale. Cela requiert du soutien de la part des entreprises, du personnel éducateur et enseignant, de celui du milieu de la santé, bref, de tous ceux et celles qui interagissent avec les familles. Et surtout, il faut que nos politiques publiques valorisent autant le rôle des pères que celui des mères. À ce sujet, près de la moitié des pères et une proportion tout aussi grande des mères nous ont dit qu’il y avait un retard important à combler.
Finalement, il est enthousiasmant de constater que plusieurs résultats du sondage révèlent une attitude encore plus favorable à la coparentalité égalitaire chez les parents d’enfants âgés de 5 ans et moins, qui, pour la plupart, sont des millénariaux. En se projetant vers l’avant, il est tentant de croire que cette génération pourrait être celle qui imposera véritablement une nouvelle norme sociale concernant la parentalité où pères et mères construiront, ensemble, un monde dans lequel ils s’investiront à parts égales dans leur projet parental et collaboreront, pour le meilleur développement de leurs enfants et le bien-être de leur famille, dans une perspective d’égalité entre les femmes et les hommes.