Sondage exclusif : le confinement renforcerait le travail d’équipe des parents dans près de la moitié des familles
MONTRÉAL, 15 JUIN 2020 – Alors que l’on prend de plus en plus conscience des difficultés auxquelles les parents québécois ont été confrontés pendant la crise de la COVID-19, un sondage SOM réalisé pour le Regroupement pour la Valorisation de la Paternité (RVP) amène une lueur d’espoir. Selon ce coup de sonde réalisé du 22 mai au 2 juin dernier auprès de 1 040 pères et 1 075 mères et dévoilé dans le cadre de la Semaine Québécoise de la Paternité, la situation de la COVID-19 amènerait des changements au travail d’équipe des parents – ce qu’on appelle la coparentalité – dans plus de la moitié des familles sondées (52 %). Ces changements sont jugés positifs par 39 % des familles et négatifs par 15 %, tandis que 46 % exprime une opinion partagée.
Ce constat est d’autant plus surprenant qu’il survient alors qu’un nombre important de pères et de mères – 17 % pour les premiers et 28 % pour les secondes selon le sondage – vivraient une certaine détresse psychologique en raison du confinement.
« Cette situation semble avoir été, pour les pères et les mères, un terrain d’expérimentation qui leur a montré qu’un autre modèle était possible. Un modèle dans lequel ils pourraient former un meilleur partenariat pour, ensemble, s’occuper de leurs enfants », commente Raymond Villeneuve, directeur général du RVP.
Pour le professeur de l’UQTR Carl Lacharité, qui a participé au comité scientifique qui a développé ce sondage, « celui-ci nous montre l’importance de la collaboration entre les parents dans la vie familiale. Malgré les difficultés du confinement, un nombre important de parents semble avoir goûté à quelque chose qu’ils ont aimé, ce qui laisse entrevoir la possibilité de changements durables dans la façon dont ils organisent leur quotidien », affirme-t-il.
Les aspects sur lesquels le plus grand nombre de parents rapportent des changements positifs concernent le temps passé auprès des enfants (67 %), la compréhension de leurs besoins (41 %) et, plus généralement, la qualité de leur relation avec eux (47 %). À l’opposé, les aspects sur lesquels le plus grand nombre de parents expérimentent des changements négatifs sont le partage de la charge mentale (23 %), le partage des tâches liées aux enfants (18 %) et la façon dont ils sont soutenus par les professionnels et intervenants qui gravitent autour de leurs enfants (17 %).
Ensemble, soutenons l’engagement des pères au même titre que celui des mères
« La thématique de l’édition 2020 de la Semaine Québécoise de la Paternité, Ensemble, soutenons l’engagement des pères, vise à sensibiliser la population et les décideurs québécois à l’importance de se donner des politiques publiques qui valorisent pleinement l’engagement des pères et des mères. Pour ce faire, il faut non seulement que le gouvernement agisse, mais également que l’ensemble des acteurs qui interagissent avec les familles reconnaissent de façon égale l’importance des rôles de père et de mère dans la société », indique Raymond Villeneuve.
À cet égard, seulement 54 % des parents interrogés estiment que les lois, règlements et politiques publiques valorisent autant l’engagement des pères que des mères. Quant aux employeurs, éducateurs, enseignants, professionnels de la santé et intervenants communautaires, entre 69 % et 79 % des parents croient qu’ils valorisent autant le rôle des pères que des mères. « Ces résultats sont encourageants, mais indiquent qu’il reste du chemin à parcourir », souligne Raymond Villeneuve.
Les ingrédients d’une coparentalité réussie : reconnaissance, cohérence, communication et partage des tâches
Les pratiques coparentales positives se fondent sur quatre principes : la communication entre les parents, la reconnaissance de l’apport de l’autre, la cohérence parentale et le partage des tâches. Sur les trois premiers aspects, le sondage indique qu’entre 81 % et 84 % des parents sont satisfaits. Quant au partage des tâches, ce sont environ près des trois quarts des parents (72 %) qui se disent satisfaits, soit 80 % des pères et 64 % des mères. De façon générale, les parents ayant une scolarité élevée ou des revenus élevés rapportent une plus grande satisfaction quant à leurs pratiques coparentales, de même que les parents qui sont nés à l’étranger. À l’inverse, la situation semble plus difficile pour les parents à faible revenu, ceux ayant une faible scolarité et ceux qui ont éprouvé de la détresse psychologique.
Les parents d’enfants de 0-5 ans, porteurs d’une vision différente de la coparentalité
Plusieurs résultats du sondage laissent entrevoir une attitude franchement favorable à une coparentalité plus égalitaire chez les parents de jeunes enfants de 5 ans et moins, qui pour la plupart appartiennent à la génération des millénariaux. Au-delà de leurs propres comportements, ils se montrent plus critiques envers les lois, règlements et politiques publiques qui ne valorisent pas le rôle des pères et des mères de façon égale et sont plus nombreux à expérimenter des changements positifs à leur coparentalité dans le contexte du confinement. Surtout, ils sont ceux qui, dans la plus forte proportion, indiquent que cette situation amène chez eux des attentes plus élevées envers les conditions sociétales qui favorisent la coparentalité (33 % contre 26 % chez les parents d’enfants plus vieux). En se projetant vers l’avant, il est tentant de croire que cette génération pourrait être celle qui exige que l’on donne toutes les conditions aux pères et aux mères de vivre pleinement leur expérience parentale, pour le meilleur développement de leurs enfants et le bien-être de leur famille, dans une perspective d’égalité entre les femmes et les hommes.
Méthodologie
Le sondage a été réalisé par la firme SOM pour le compte du Regroupement pour la Valorisation de la Paternité en partenariat avec l’Observatoire des tout-petits, Naître et grandir, l’Institut national de santé publique du Québec et le Community Health and Social Services Network, auprès de 2 115 parents québécois, dont 1 040 pères et 1 075 mères, entre le 22 mai et le 2 juin 2020.