Le Regroupement pour la Valorisation de la Paternité (RVP) regroupe plus de 250 organismes et individus issus des 17 régions administratives du Québec. Il a pour mission de valoriser le rôle des pères et de promouvoir leur importance dans la famille et dans la société pour le développement et le bien-être des enfants, et ce, dans une perspective d’égalité entre les parents. Le RVP s’est adjoint les services de SOM afin de consulter les pères québécois d’enfants de moins de 18 ans en vue de mieux comprendre le concept de vulnérabilité dans le contexte de la paternité, notamment sous l’angle de la diversité des expériences et des parcours parentaux.
Méthodologie
Population cible Pères québécois ayant au moins un enfant de moins de 18 ans et qui s’identifient personnellement à ce rôle parental. |
Échantillonnage 2 119 répondants. |
Collecte Sondage en ligne réalisé du 1er au 11 mars 2022. |
Conception du questionnaire Le questionnaire d’enquête a été développé par un comité scientifique dirigé par Carl Lacharité (UQTR). Il comprend 85 items (questions fermées) visant d’une part à mesurer diverses dimensions associées à la détresse, à la précarité, et d’autre part divers éléments décrivant l’expérience et les parcours parentaux des pères et qui sont susceptibles d’influencer, de façon positive ou négative, la propension de ces derniers à vivre cette détresse ou cette précarité. Cette structure visait non seulement à décrire en quoi les pères québécois peuvent être vulnérables et dans quelles conditions cette vulnérabilité est susceptible de survenir, mais également à mettre cette information en relation avec les différents parcours et caractéristiques des pères pour mieux orienter l’intervention auprès de ces derniers. |
Pondération Les données ont été pondérées sur la base des pères québécois d’enfants de moins de 18 ans, en tenant compte de l’âge, du sexe, de la langue maternelle, du niveau de scolarité, de la proportion de pères et de la région. |
Faits saillants
Un père sur sept en situation de détresse psychologique
- Les pères aussi peuvent être vulnérables et ont besoin d’un soutien adapté à leurs réalités. Le sondage démontre qu’approximativement un père sur sept (13%) présente un indice de détresse psychologique élevé, ce qui suggère dans leur cas une vulnérabilité importante.
- Cette statistique en apparence anodine dissimule toutefois une multitude de réalités diverses qui peuvent faire augmenter la détresse psychologique de façon marquée, passant parfois du simple au double. Chez les pères à faible revenu (moins de 35,000$ par an), la proportion grimpe à 29%. Chez les personnes sans emploi, elle s’élève à 28%. Enfin, chez les pères ayant vécu une séparation dans les cinq dernières années, elle s’établit à 25%.
- D’autres catégories de pères sont surreprésentées dans la détresse psychologique élevée, mais dans une moindre mesure. On pense ici aux pères anglophones (19%), aux pères allophones (17%), aux pères célibataires (19%) et à ceux ayant été victimes de violence dans leur enfance (17%).
- Signe indéniable que la détresse psychologique est un état qui mérite une préoccupation sérieuse, 29% des pères avec un indice de détresse psychologique élevé ont indiqué avoir eu des idées suicidaires au cours de la dernière année, tandis que la moyenne se situe à 7% pour l’ensemble des pères. C’est donc une proportion quatre fois plus élevée.
- Parmi les personnes ayant un indice de détresse psychologique élevé, seulement 34% ont consulté une ressource ou un intervenant psychosocial, ce qui suggère que les ressources sont insuffisamment connues, trop peu accessibles ou encore inefficaces pour joindre les pères vulnérables.
La résilience, l’antidote à la détresse
- La résilience désigne la propension à se relever rapidement, ou facilement, d’une épreuve. Les données de l’enquête démontrent un lien statistique très fort entre résilience et détresse. Plus la première augmente, plus la seconde diminue, et vice-versa. Elle a ici été mesurée à partir du Brief resilience scale, qui permet d’accorder un « score de résilience » à partir d’une autoévaluation sur six éléments.
- Ainsi, 62% des pères sondés présentent une résilience normale (ou moyenne), tandis que 21% présentent une résilience élevée (supérieure à la moyenne). Une proportion de 17% présente une faible résilience. Ces derniers sont plus nombreux chez les pères ayant un indice de détresse psychologique élevé (43%), les pères sans emploi (29%), les pères ayant vécu une séparation récente (27%) et ceux ayant vécu de la violence dans l’enfance.
5 facteurs associés à une plus grande détresse
Les données du sondage font ressortir cinq facteurs associés à une plus forte détresse.
- Le fait d’avoir subi de la violence dans l’enfance – Près de six pères sur dix (58%) disent avoir vécu de la violence (toutes formes confondues) dans leur milieu familial dans l’enfance. Si la violence physique mineure est la forme la plus fréquente (53%), les agressions psychologiques sont mentionnées par 36% des répondants, et la violence physique sévère, par 20%. Par ailleurs, près d’un père sur dix (9%) dit avoir été victime d’agression sexuelle.
- Une relation coparentale négative – En fonction des différentes composantes mesurées, la proportion de pères qui se disent insatisfaits de leur relation avec leur coparent varie entre 13% et 18%. Elle peut toutefois atteindre jusqu’à 35% chez les pères monoparentaux, particulièrement ceux ayant vécu une séparation au cours des cinq dernières années, notamment au chapitre du sentiment de valorisation par le coparent.
- La faible utilisation des ressources de soutien psychosocial – Si 46 % des pères disent avoir consulté un médecin ou un professionnel de la santé au cours de la dernière année, seulement 14% disent avoir fait de même avec une ressource ou un intervenant psychosocial. Chez ceux ayant un indice de détresse psychologique élevé, 34% disent avoir consulté un tel intervenant ou ressource. Bien qu’il s’agisse d’une proportion significativement plus élevée, ce constat suggère tout de même que près des deux tiers des pères aux prises avec des symptômes s’apparentant à la dépression ne se tournent pas vers les ressources appropriées.
- Le manque de confiance en ses habiletés parentales – Si la vaste majorité des pères évaluent plutôt positivement les éléments touchant à leur confiance (par exemple, le fait d’estimer avoir toutes les habiletés nécessaires pour être un bon père), en revanche, plus d’un père sur quatre (27%) indique que les problèmes liés à l’éducation de leurs enfants sont souvent difficiles à résoudre. Autrement dit, si les pères s’estiment généralement bien outillés pour accomplir leur rôle, c’est dans la gestion des difficultés au quotidien qu’ils semblent être davantage mis au défi.
- L’absence d’aide de leur entourage pour les soutenir dans l’exercice de leurs responsabilités parentales – Plus de la moitié des pères sondés disent ne pas pouvoir compter, ou pouvoir rarement le faire, sur l’aide de leurs parents (59%) ou de leurs beaux-parents (64%) dans l’exercice de leurs responsabilités familiales. Le recours à de l’aide de la part d’autres membres de la famille ou d’amis est encore moins fréquent (respectivement 69% et 76% y ont peu ou pas accès).